Le graal de la fusion nucléaire est proche selon un prix Nobel

Chaque petit pas nous rapprochant la fusion nucléaire déclenche l’enthousiasme. Les enjeux sont énormes : une production d’électricité d’une puissance comparable à celle obtenue avec la fission, sans déchet nucléaire radioactif.

Ici un titre du magazine Géo sur un avancement dans une des technologies liées à la fusion, la supraconductivité.

Fin 2022, le laboratoire américain de Livermore annonçait avoir franchi un pas significatif avec un super-laser capable de déclencher le début de la réaction. Mais de nombreuses autres étapes restent à franchir dans des domaines variés, notamment la supraconduction.

Le nucléaire délivré de la tutelle étatique ?

En mai dernier, l’Assemblée nationale a légiféré sur le retour du nucléaire en France en adoptant une loi pour « l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité des sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes ».

Cette loi supprime aussi de fait l’objectif de réduction à 50% de la part du nucléaire en 2035 et le plafonnement de la capacité de cette source d’énergie à 63,2 gigawatts, mesure adoptée en 2015.

Ce retour au réalisme est certes appréciable. L’industrie française du nucléaire civil a été financée depuis 50 ans par des générations de contribuables puis enterrée à partir de 2015 pour des motifs électoralistes.

Mais dans une France qualifiée à tort par certains d’ultralibérale, cette loi risque de nous imposer du nucléaire « tout État » avec les vices classiques du 100% public :

  • Tarification opaque

  • Acteurs en situation de monopole avec en première ligne EDF (nationalisée, faussement privatisée en 2005, puis hypocritement renationalisée, ce qui évite de rendre publiques ses pertes abyssales)

  • Technologie ayant tendance à la sclérose puisque le client captif n’est qu’un « usager ».

Traditionnellement, le contrôle étatique de l’activité nucléaire civile se justifiait par le risque et sa porosité avec le nucléaire militaire (les déchets radioactifs des centrales sont recyclables dans les ogives nucléaires).

Jusqu’à présent, les risques ont été maîtrisés. Le seul accident grave qui a fait des victimes fut l’explosion de la centrale de Tchernobyl (avril 1986). Cet accident était la conséquence de carences de maintenance elles-mêmes dues à la faillite du régime communiste de l’URSS. Comme quoi, l’État n’est pas forcément une garantie… L’accident de Fukushima, le plus terrible qui puisse arriver à une centrale, n’a occasionné aucune victime parmi les employés de la centrale du fait de radiations (une seule selon Libération : un mort et cinq malades ont été associés aux rayonnements, 10 morts ne sont pas associées aux rayonnements et 16 blessés en raison des explosions, selon les données officielles).

Reste le lien avec le nucléaire militaire.

C’est pour cela que la recherche se concentre désormais non pas sur la fission mais sur la fusion. Ce procédé est apte à dégager les mêmes niveaux d’énergie pilotable mais ses déchets ne sont pas radioactifs.

Quand on parle recherche en France, on pense « recherche fondamentale » et financement exclusivement public. Mais ce n’est pas le cas partout dans le monde.

Depuis 2014, les investissements dans le domaine de la fusion ont explosé. The Conversation publie ce graphique pour illustrer ce point :

Plus de 4Mds$ pour la recherche sur la fusion

Chaque obstacle intermédiaire franchi amène plus de capitaux et de cerveaux vers ce secteur.

Un prix Nobel de Physique choisit son camp

Tout récemment, le prix Nobel 2014 de Physique, Shuji Nakamura, a indiqué s’être fixé un nouvel objectif : démocratie la fusion nucléaire avant 2030.

Nakamura n’est pas n’importe qui : vous lui devez les Leds, ces ampoules qui vous permettent de consommer 10 fois moins de puissance ! Plus efficaces que les « boucliers tarifaires » de Bruno Le Maire pour réduire votre facture d’électricité.

Il existe deux pistes pour arriver aux températures capables de déclencher une fusion nucléaire :

  • Le confinement magnétique pour chauffer du plasma à plusieurs millions de degrés Celsius. C’est la piste développée en Europe avec ITER.

  • Le laser. C’est la piste du laboratoire de Livermore.

Et c’est sur cette dernière piste que Nakamura veut se lancer avec son entreprise Blue Laser Fusion…

Le journal du Geek :

« Le but revendiqué est de produire un réacteur à fusion opérationnel d’1 GW, soit l’équivalent d’une sous-unité de centrale à fission moderne, le tout avant 2030. La première installation de test est même prévue pour 2024. »

Blue Laser Fusion, en phase de dépôts de brevets, est assez laconique sur les détails de sa technologie. Mais il semblerait que son matériau de travail privilégié soit, non pas le tritium et le deutérium utilisés jusqu’à présent, mais le bore.

Si Nakamura réussit, les contribuables français auront encore perdu beaucoup d’argent en fiançant l’exploration d’une mauvaise piste et la construction de centrales obsolètes avant leurs mises en service. Pas très grave me direz-vous, nous y sommes habitués…

L’éventuelle réussite de Nakamura profiterait aux actionnaires de Blue Laser Fusion, au monde entier et permettrait au secteur privé de réellement participer à l’industrie nucléaire.

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