Carburants vendus à perte mais pas pour tout le monde

Plutôt que de vouloir se mêler des marges des distributeurs et des raffineurs, le gouvernement ferait mieux de baisser ses taxes. Un honnête combat contre l’inflation consisterait à d’abord baisser les impôts.

Ce gouvernement, pourtant qualifié d’ultralibéral par certains, démontre tous les jours qu’il est ultra-interventionniste.

Dernière idée lumineuse d’Agnès Pannier-Runacher : autoriser la vente à perte de carburants. Et bien sûr, il y aura une loi sur ce sujet, promet-elle. 

Une loi qui enfreindra deux autres lois existantes (code du commerce sur les ventes à perte et loi de transition énergétique) mais ceci ne gêne aucunement notre ministre.

Mais surtout, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, semble ignorer que le prix à la pompe des carburants est avant tout des taxes. Elle est pourtant diplômée d’HEC et de l’ENA. À ce titre, elle devrait avoir de vagues connaissances sur les marges, les bénéfices, les pourcentages et les taxes…

Le prix du carburant c’est 50% d’impôts

Voici la décomposition des prix du gazole et du SP95 à la pompe (source)


Pour le gazole             48% du prix à la pompe sont des impôts.

Pour le SP95                52% du prix à la pompe sont des impôts. 

Les marges des distributeurs représentent seulement entre 10% et 12% des prix à la pompe. 

Les profiteurs ne sont pas ceux qu’on croit

Qui se goinfre ? Les vilains distributeurs ou le gentil gouvernement qui ne veut que notre bien ?

La plus grosse variable qui pèse sur les prix des carburants, ce sont les impôts et taxes. 

Dans les écoles d’ingénieur on apprend à se préoccuper d’abord du paramètre prépondérant sur lequel on peut agir. Donc, un ingénieur s’attaquerait d’abord aux taxes et à leur empilage. Il s’offusquerait de voir de la TVA appliquée à une taxe (TICPE ou Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques). Un ingénieur mais pas un énarque… Une taxe de « valeur ajoutée » sur une autre taxe dont la « valeur ajoutée » n'est que la hausse du prix, cela ne fait pas tousser un zélé serviteur de l’État.

L’économie simplette d’Agnès Pannier-Runacher

Selon notre ministre, si les carburants sont si coûteux, ce n’est pas de la faute du gentil gouvernement et de ses impôts et taxes ou de la multiplication des euros et des dollars par la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale.

C’est de la faute du méchant Poutine et du vilain Mohammed ben Salmane (MBS).

Agnès Pannier-Runacher nous explique patiemment :

« Pourquoi le prix du carburant augmente ?

Parce que nous ne produisons pas de pétrole.

Parce que des pays comme l’Arabie Saoudite et la Russie s’organisent pour augmenter les prix du pétrole sur les marchés internationaux. »[i]

Je pense que si l’État français produisait du pétrole, il serait vendu au prix des marchés internationaux. D’ailleurs c’est le cas du pétrole de Mer du Nord. Quant à l’OPEP, c’est son intérêt de vendre cher ses ressources. Ce cartel regroupe 23 pays et pas seulement le méchant Poutine et le vilain MBS. Il y a le gentil Venezuela, par exemple. 

Mais lorsque le prix du brut augmente, les recettes fiscales augmentent magiquement ! Ce qu’oublie de dire Agnès Pannier-Runacher.

Si le pétrole passe de 60$ le baril à 90$ le baril, soit 30% de hausse, les impôts et taxes perçus par notre gentil gouvernement - qui ne nous veut que du bien et se bat pour notre pouvoir d’achat - augmentent elles aussi de 30%... Pas question de moins racketter le consommateur. Toute augmentation est bonne à prendre. Si demain, le gazole double, les impôts aussi.

Même le raffinage nous échappe désormais 

Comme les combustibles fossiles c’est mal et que l’État se mêle désormais de vouloir régler le thermostat de la planète, il est prévu que le raffinage quitte nos terres civilisées et éco-responsables pour déménager chez les méchants producteurs de brut. 

Ces derniers se réapproprient ainsi la valeur ajoutée du raffinage.

L’avantage est que nous éviterons des risques de grève et de pénurie comme celle de mars dernier. L’inconvénient est que notre balance commerciale se détériorera encore un peu plus puisque la valeur ajoutée de cette industrie nous échappe.

Mais terminons sur une note optimiste.

Notre spécialiste Tom Dyson a découvert un moyen de profiter du départ des raffineries.

Une opportunité qui se situe dans son secteur de prédilection, le fret maritime.

Car ces carburants que nous ne raffinerons plus sur place, il faut bien les transporter pour les faire arriver dans les pompes des distributeurs. Et Tom a repéré un acteur pur de ce secteur qui va prochainement se transformer en une monstrueuse machine à profits, en encaissant les fruits de ses investissements passés dans une flotte ultraperformante.

[i] Agnès Pannier-Runacher est-elle la dinde qui transparaît dans ce discours, ou fait-elle preuve d’une duplicité sophistiquée ? Papa Pannier est un ancien dirigeant de la compagnie pétrolière Perenco (numéro 2 français du pétrole) et s’est intelligemment organisé pour transmettre, hors droit de succession, à ses petits-enfants (les enfants d’Agnès, donc) la partie de son patrimoine liée à Perenco. Dans ce montage, Agnès Pannier-Runacher et son mari de l’époque ont apporté 1,2 M€.

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