De sales profits en vue en dehors du consensus

Le « green business » et la transition écologique souffrent de la hausse des taux d’intérêt. Les valeurs du secteur des énergies fossiles, en revanche, se maintiennent malgré la fuite des investisseurs institutionnels.

Un « contrarien » autoproclamé écrit avec une ingénuité désarmante dans sa chronique quotidienne du mardi 3 octobre :

« La hausse des taux se diffuse sur la consommation des ménages, sur le pouvoir d'achat, sur la capacité d'investissement des entreprises, sur le budget des États surendettés.

Elle atteint de façon directe et fulgurante des secteurs dépendant de l'emprunt comme l'immobilier.

Mais elle atteint également, de manière indirecte, des secteurs qu'on n'imaginait pas forcément sensibles.
C'est le cas du secteur de la transition écologique et en particulier des énergies renouvelables.
 »

- Marc Fiorentino

Un « contrarien » est en principe quelqu’un qui se méfie des points de vue en vogue et consensuels. Pas pour le plaisir d’être à contre-courant mais parce que sur les marchés financiers, si vous suivez la foule, vos chances de profits sont bien maigres. Vous allez surpayer ce que vous achetez. D’ailleurs lorsque les taux d’intérêt sont bas vous surpayez presque tout puisque l’argent facile multiplie les acheteurs.

Il faut avoir bien peu d’imagination pour croire les secteurs de la transition énergétique et des énergies renouvelables immunisés contre la hausse des taux d’intérêt.

La transition énergétique est un concept politique financé à coup d’endettement public et gonflée avec la machine à gaz préférée des interventionnistes : la grande pompe taxation-subvention. Lorsque plus personne ne peut payer le prix des béquilles, le secteur s’écroule comme cela a été le cas avec la bulle du solaire en Allemagne en 2008 (pour ceux qui voudrait se rafraîchir la mémoire, c’est ici).

Le basculement naturel vers les énergies les plus rentables

Depuis la nuit des temps, l’homme s’est toujours efforcé de trouver de l’énergie et il s’est toujours tourné vers ce qui était le plus efficace :

·      L’esclavage

·      La force animale

·      La force mécanique avec la vapeur produite avec du charbon

·      L’électricité en faisant feu de tout bois (hydraulique, charbon, fuel, gaz, nucléaire)

·      Le moteur à explosion et le pétrole

L’homme n’a jamais eu besoin de grands timoniers, d’énarques, de politiciens visionnaires pour savoir à tout instant quelle était l’énergie la plus rentable.

L’homme connaissait l’éolien comme en témoignent les vestiges de moulins, de système d’irrigation et les grands voiliers. Il connaissait l’hydraulique comme en témoignent les moulins à eau.

Dès que la force mécanique des énergies fossiles a été disponible, les minotiers ont laissé tomber le moulin pour ne plus dépendre des caprices du vent. Les agriculteurs ont arrosé ou drainé en utilisant des pompes carburant au fioul. Les armateurs ont préféré la vapeur au vent. Pourquoi ? Parce que c’était plus efficace, donc moins cher.

L’homme a tenté le solaire et construit des méga-fours. Le four solaire d’Odeillo dans les Pyrénées a été construit entre 1962 et 1968. Il reste à ce jour le plus grand four au monde. Sa puissance est de 1 MW. Par comparaison, une tranche de réacteur nucléaire débite 900 fois plus. Le four d’Odeillo n’alimente rien ni personne en énergie. C’est un laboratoire de recherche qui sert à des expériences scientifiques. Pourquoi ? Parce qu’avec 1 MW, on ne transforme pas grand-chose.

N'importe quel industriel sait très bien s’orienter vers l’énergie disponible la plus efficace. Le signal des prix lui suffit.

Taxation et subvention ne créent aucune rentabilité

Aucune subvention, aucune taxation, aucune dette publique ne peut rendre efficace ce qui ne l’est pas.

Mais cela peut faire illusion… Et cela fait bien les affaires des copains et coquins qui profitent des subventions. 

L’illusion est maximale quand les taux d’intérêt sont bas et que l’argent semble tomber gratuitement du ciel. 

Évidemment, quand l’argent n’est plus gratuit c’est une autre affaire…

Notre contrarien-ingénu Marc Fiorentino poursuit :

«20% de baisse en deux mois

C'est la performance de l'indice de référence du secteur des énergies renouvelables.
Le S&P Global Clean Energy Index.

Un indice, comme le rappelle le Financial Times, qui regroupe les 100 plus grosses sociétés du solaire, de l'éolien et des autres énergies renouvelables.
C'est la plus mauvaise performance depuis 2013. 

Étonnant contraste

L'indice S&P Energy qui est fortement pondéré en valeurs pétrole et gaz, et autres énergies fossiles tant décriées est lui en hausse de 6%.
La défense de l'avenir de la planète a coûté beaucoup d'argent aux investisseurs.»

Le marché a tranché : -20% pour ce qui ne marche pas et +6% pour ce qui marche. Mais cela ne dissuadera pas nos interventionnistes qui prétendront qu’il faut en faire encore plus et que si ça ne marche pas, c’est faute de moyens. L’interventionniste ne recule devant aucun sacrifice de l’argent des autres.

En attendant, pour ceux qui nous ont suivis dans notre transaction de la décennie, tout ceci est loin d’être une surprise.

Pour mémoire, notre transaction de la décennie consiste à miser sur les énergies fossiles. Notre analyse est que la transition énergétique a détourné les investissements des voies rentables. La sanction sera des prix de l’énergie plus élevés et des marges plus importantes pour les entreprises bien gérées qui auront dédaigné les miroirs aux alouettes des énergies renouvelables et « décarbonées » pour reprendre la terminologie à la mode. Un indice : Total n’en fait pas partie. 

Bientôt du nucléaire privé ?

Des nostalgiques de la grandeur de la France m’objecteront que l’industrie du nucléaire civile s’est bien construite avec la pompe taxation-subvention. C’est exact et à partir du moment où l’idée était de faire profiter le militaire du civil (et inversement), c’était logique. Mais la suite du nucléaire civil a prouvé que le monopole public se solde, comme à son habitude, par une gabegie. Dette abyssale d’EDF, mauvaise gestion, prix hors de contrôle, même de la cour des Comptes qui y perd son latin (comme en témoigne ce document).

Mais nous pourrions bientôt assister à une très saine évolution dans le domaine de l’énergie nucléaire grâce aux mini-réacteurs (ou PRM comme petits réacteurs modulaires) développés par le secteur privé que j’ai évoqué dans une précédente chronique. Des avancées dans ce domaine se produisent tous les jours.

Le développement de ces PRM devrait attiser la demande pour l’uranium ou yellow cake alors que les pays producteurs d’Afrique plongent dans l’instabilité politique. Nos spécialistes, notamment Tom Dyson, restent à l’affut d’opportunités dans ce domaine.

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