Agriculture, énergie, logement : les ravages du nouveau socialisme

Les agriculteurs se rebellent contre les normes. L’électricité augmente. La crise du logement s’accélère en France. Il existe un lien entre ces évènements : l’intervention de l’État au motif de corriger le marché.

Les agriculteurs sont fâchés. La grogne essaime : Pays-Bas, Allemagne, France.

En France, comme ailleurs, le monde agricole s’insurge contre trop de règlementations. Le Figaro en égraine quelques-unes :

·      Va-et-vient sur l’interdiction des néonicotinoïdes dans la betterave sucrière,

·      Sortie accélérée du glyphosate,

·      Imbroglio sur l’export de céréales en contact direct avec un insecticide (la phosphine),

·      Bannissement anticipé du diméthoate pour la protection des cerises…

Dominique Chargé, président de la Coopération Agricole :

Prenons par exemple l’utilisation d’un certain nombre de produits chimiques qui permettraient de protéger nos cultures en attendant d’avoir des solutions alternatives. En France, on nous interdit un certain nombre de solutions. Sur quasiment toutes les productions animales, et un certain nombre de productions végétales, on réduit la production en France au profit d’importations de pays qui ne respectent pas nos réglementations. Pour le poulet, plus d’un sur deux est importé. Ils viennent massivement d’Ukraine, où les coûts de production sont bien inférieurs aux nôtres.

Beaucoup d’agriculteurs ne demandent toutefois pas de s’affranchir de toutes ces contraintes. Ils voudraient qu’elles s’appliquent aux autres, ceux qui importent sans y être soumis. Ou alors que ces importations moins coûteuses soient tout bonnement interdites. Nous sommes typiquement dans un cas d’envie. L’idée n’est pas d’améliorer son sort mais bien de nuire à l’autre.

Tout le monde demande plus de subventions et moins de taxation, mais personne ne demande moins de subventions et plus de liberté. 

En pratique, les politiciens et les technocrates de la politique agricole commune (PAC) sont dépassés par la situation et débordés par les écologistes. Personne ne fait attention aux absurdités, pourtant flagrantes. Par exemple, des oignons importés du Pérou côtoient en rayon des oignons espagnols ou français. Et les oignons du Pérou sont les moins chers, les oignons français étant les plus onéreux. L’écolo-bobo-citadin qui voudrait limiter les voyages en avion de ses congénères et le priver de viande rouge déguste des fraises venues d’Amérique du Sud en janvier…

Que les agriculteurs se réjouissent, ils ne seront plus seuls dans la misère : les marins-pêcheurs vont bientôt les rejoindre :

France3 Régions

« Pendant un mois, une zone de pêche sera fermée dans le golfe de Gascogne. Tous les bateaux à pavillon français, mais aussi étrangers de plus de huit mètres, ne seront plus autorisés à pêcher. Une mesure pour préserver les dauphins et marsouins ».

Les âmes sensibles seront rassurées de savoir que les marins-pêcheurs au chômage technique seront indemnisés des contribuables, ou quelques fifrelins ajoutés aux 3 000 Mds€ de dette publique.

Dans un discours bien rafraichissant au forum de Davos, Javier Milei a dressé un diagnostic cruel[1] : nous sommes gangrénés par le socialisme.

Une leçon de savoir-vivre à ceux qui vivent de l’argent des autres

Avant de passer aux points-clés de ce discours, sachez que Milei avait payé de sa poche son billet d’avion pour venir s’exprimer devant le gratin du capitalisme de connivence du World Economic Forum. C’est probablement pour cela qu’il est qualifié de « fou » par les médias et les politiciens occidentaux : une déficience de capacité de parasitisme.

Après avoir énoncé, preuves à l’appui, que le capitalisme de libre entreprise était la raison de la croissance du niveau de vie et de la démographie, et de la diminution de la pauvreté depuis plus de deux siècles, Milei a fustigé « une vision du monde qui — inexorablement — conduit au socialisme, et par conséquent à la pauvreté » :

« Le capitalisme serait mauvais parce qu’il est individualiste et que le collectivisme est bon parce qu’il est altruiste, avec l’argent des autres, et qu’ils luttent donc pour la « justice sociale ». […]

Le problème est que la justice sociale n’est pas seulement injuste, mais qu’elle ne contribue pas non plus au bien-être général. Au contraire, c’est une idée intrinsèquement injuste, parce qu’elle est violente. Elle est injuste parce que l’État est financé par les impôts et que les impôts sont prélevés de manière coercitive : est-ce que l’un d’entre nous peut dire qu’il paie des impôts volontairement ? Cela signifie que l’État est financé par la coercition et que plus la charge fiscale est élevée, plus la coercition est grande — et moins il y a de liberté. 

Si les transactions sont volontaires, le seul contexte dans lequel il peut y avoir une défaillance du marché est celui de la coercition. Et le seul à pouvoir exercer une coercition généralisée est l’État, qui a le monopole de la violence. Par conséquent, si quelqu’un considère qu’il y a une défaillance du marché, je lui recommande de vérifier s’il y a une intervention de l’État au milieu. Et s’il constate qu’il n’y a pas d’intervention de l’État au milieu, je lui suggère de refaire l’analyse parce qu’elle est définitivement erronée. La défaillance du marché n’existe pas. »

Or les marchés de l’agriculture, de l’énergie, du logement sont les secteurs dans lesquels les dysfonctionnements sont les plus criants. Ce sont aussi ceux où l’État français se montre le plus interventionniste, où les niveaux de taxation et de subvention sont les plus élevés. Sans compter, évidemment, la folie des normes et de la réglementation.

Pourtant, les famines appartiennent à l’histoire, l’agriculture française a été un secteur très performant jusqu’à la fin du XXème siècle, et exportateur. Mais la disparition d’un marché libre au profit de quotas et de prix imposés, un empilage invraisemblable de normes et réglementations, a réussi à saper ce pan d’activité.

Le Figaro

« la France est passée au niveau mondial de la deuxième à la cinquième place en termes d’exportations nettes entre 2007 et 2021. «Ses parts de marché ont fondu de 11%, en 1990, à moins de 5% en 2021», souligne le sénateur Laurent Duplomb (LR), dans son rapport d’information sur la compétitivité de la ferme France, actualisé en septembre 2022. »

Jusqu’à l’irruption récente d’une prétendue menace climatique brandie par les écologistes, l’énergie en France ne posait pas trop de problèmes, même si l’État avait la main lourde en matière de taxation. L’arrêt du nucléaire, sans autre motif que l’idéologie, la manipulation des prix au travers du marchés européen de l’électricité, et les sanctions vis-à-vis de la Russie ont détraqué ce secteur aussi.

L’immobilier et le secteur locatif privé survivaient malgré un matraquage fiscal en règle et des loyers de plus en plus administrés (85 ans plus tard la leçon de la « loi de 1948 » a été semble-t-il oubliée). En définitive, ce seront les « normes énergétiques » supposées lutter contre les « passoires thermiques » qui arriveront à faire s’écrouler la pierre.

Toutes ces mesures contraignantes ne sont finalement pas autre chose que du socialisme, même si elles sont présentées autrement : écologie, développement durable, justice sociale,…

Le socialisme moderne passe par le contrôle des individus et du marché

Ancien professeur d’économie, Milei, propose une définition modernisée du socialisme, qui n’est plus de nos jours le contrôle des moyens de production :

« Aujourd’hui, les États n’ont pas besoin de contrôler directement les moyens de production pour contrôler tous les aspects de la vie des individus. Avec des outils tels que l’émission monétaire, l’endettement, les subventions, le contrôle des taux d’intérêt, le contrôle des prix et les réglementations visant à corriger les prétendues « défaillances du marché », ils peuvent contrôler le destin de millions d’êtres humains. 

C’est ainsi que nous en arrivons au point où, sous des noms ou des formes différents, la plupart des offres politiques généralement acceptées dans la plupart des pays occidentaux deviennent des variantes collectivistes. Qu’ils se déclarent ouvertement communistes, fascistes, nazis, socialistes, sociaux-démocrates, nationaux-socialistes, démocrates-chrétiens, néo-keynésiens, progressistes, populistes, nationalistes ou mondialistes. 

Au fond, il n’y a pas de différences substantielles : tous défendent l’idée que l’État devrait diriger tous les aspects de la vie des individus. Tous défendent un modèle contraire à celui qui a conduit l’humanité aux progrès les plus spectaculaires de son histoire. »

Finalement, le socialisme moderne ne nécessite pas de nationalisations. Il se nourrit de fonctionnaires, de normes, de taxations et de subventions, de politiques du « en même temps », d’alliances de carpes et de lapins.

Comme toutes les nuances de socialisme, ce socialisme est appauvrissant. Les produits alimentaires, le logement, l’énergie ne cessent de se renchérir.

Ce socialisme a aussi ses gagnants : les entrepreneurs qui tournent autour des énergies renouvelables ou vertes ; les fonctionnaires chargés de taxer, réglementer, contrôler ; les politiciens pourvoyeurs de logements en HLM ; les diagnostiqueurs de tout poil ; sans oublier la quasi-totalité des conférenciers de Davos.

Le problème est que les gagnants sont bien moins nombreux que les perdants.

Pour pouvoir contribuer au bien-être général, il faut pouvoir offrir un meilleur produit à un meilleur prix à un client qui le choisit sans contrainte. Ce n’est pas l’État qui est capable de le faire.

[1] Version écrite traduite en français sur ce lien et enrichie de commentaires défavorables. Version vidéo sous-titrée sur ce lien. Version vidéo en traduction simultanée sur ce lien.

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