Les banquiers centraux se ridiculisent

Les fonctionnaires de la Banque centrale européenne ont indiqué vouloir recourir à l’intelligence artificielle pour mieux comprendre l’inflation. Ils sont pourtant supposés tout savoir sur le sujet puisqu’ils sont en charge de la création monétaire depuis 21 ans.

Pour des banquiers centraux, déclarer vouloir faire appel à l’intelligence artificielle pour comprendre l’inflation est un aveu d’ignorance ; c’est comme si des chirurgiens opérant depuis plus de vingt ans annonçaient qu’ils allaient étudier l’anatomie ou la propagation des infections opératoires en s’appuyant sur l’intelligence artificielle…

Les médias économiques et financiers ont repris l’information le plus sérieusement du monde sans recul ni ironie.

BFMTV et Reuters :

L'institution de Francfort réfléchit à utiliser l'IA pour traiter des millions de données qui lui permettraient de parvenir à une meilleure analyse de l'inflation pour ses décisions de politique monétaire.

L’article nous explique que la BCE veut mieux comprendre la « dynamique » de l’inflation.

Sans blague… Déjà en statique, lorsque les indices de hausse des prix ne bougeaient pas, les 3 800 fonctionnaires de cette institution n’ont rien compris et créaient des milliers de milliards d’euros afin que la monnaie unique n’explose pas en vol consécutivement à la crise de 2008.

Les Échos 

« Comment l’intelligence artificielle pourrait aider la BCE à mieux anticiper l’inflation »

Le quotidien nous indique ensuite que la collecte des informations fournies par plus de 10 millions d’entités européenne - entreprises, institutions publiques, banques – serait automatisée.

Il s’agirait donc de simplement de traitement de masse de données ce qui n’a rien à voir avec l’intelligence (qu’elle soit prétendument artificielle ou humaine).

Plus loin, on peut lire brut de décoffrage cet étonnant aveu de la BCE : 

« Un modèle de langage développé peut également aider à améliorer les textes rédigés par les responsables de la BCE, rendant sa communication plus facile à comprendre pour le public ».

Le jargon est pourtant le produit miracle qui a toujours permis de maquiller l’ignorance en expertise comme le décrivait Molière dans Le Médecin malgré lui ou Les Précieuses ridicules ! 

Retirez le jargon et tous les communiqués des banquiers centraux deviennent vides et insignifiants.

Au total, la BCE et les banques centrales nationales de la zone euro comptent près de 50 000 personnes, selon Finance et investissement. Beaucoup de capacité de cerveau disponible, en principe. Mais il faut croire que ce n’est pas suffisant.

L’intelligence simplement humaine et la lecture de l’histoire enseignent que : 

·      L’inflation - qui est le gonflement de la masse monétaire – est un phénomène de politique monétaire. Le pouvoir en place veut toujours plus de monnaie (ou de crédit) pour financer son expansion (ou ses guerres).

·      La hausse des prix résulte toujours de l’inflation.

·      La transmission de l’inflation aux prix est un phénomène complexe qui dépend beaucoup de la psychologie humaine.

·      Aucune mesure de contrôle des prix n’a jamais été un remède à la hausse des prix. C’est même l’inverse.

Nul besoin de recours à l’intelligence artificielle pour savoir cela et éviter de confondre la cause (la politique monétaire) et les effets (les hausses de prix).

Il suffit de relire l’histoire de Crésus, celle de l’inflation romaine, les écrits d’Aristote et de Platon sur la nature de la monnaie, les textes d’Oresme ou de Cantillon (vous pouvez aussi prendre un raccourci et lire mon livre sur l’histoire de la monnaie avant de vous attaquer aux grands auteurs).

Seuls les constructivistes rêvent de modéliser la psychologie humaine pour nous manipuler à leurs fins en nous faisant croire que c’est pour votre bien.

Pour en revenir à la BCE et à sa politique monétaire, l’endettement de l’Eurozone est tel que payer les niveaux actuels de taux d’intérêt va bientôt devenir difficile. En moyenne : les pays de l’euro sont endettés à hauteur de 91,5% de leur économie, leur croissance est de 0,1%, les taux d’intérêt sont à 4,5%. Donc, en moyenne, les carottes sont cuites. Beaucoup plus cuites en Grèce, en Italie ou en France qu’en Allemagne ou au Luxembourg mais cuites quand-mêmes.

Quelque chose finira donc par craquer quelque part dans le système financier actuel qui considère que les actifs les plus sûrs sont de la dette souveraine. Alors la BCE reviendra à la seule politique monétaire qu’elle a toujours pratiquée : plus de crédit, plus de rachat de titres de dettes, plus d’inflation.

Pas besoin d’intelligence artificielle pour le prédire. En revanche prévoir quand cela se produira est plus délicat.

L’humilité oblige à terminer en paraphrasant l’évangéliste Mathieu « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni l’intelligence artificielle ».

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