Plus d’inflation pour contrer les hausses des prix

Partout dans le monde et en France, les hausses de prix s’incrustent. Mais rassurez-vous, les autorités qui ont provoqué le phénomène regorgent de solutions pour le contrer.

Le Figaro a publié le 13 avril l’évolution mensuelle des prix à la consommation entre février 2022 et février 2023 par poste de dépenses.

Sans surprise, c’est l’alimentation, le logement et l’énergie qui ont connu les plus fortes hausses.

Je dis « sans surprise » car dans ces trois domaines, les interventionnistes abondent.

Prenons l’alimentaire.

Les prix des céréales, du porc, des œufs, des volailles, des fruits sont réglementés au travers de la PAC (Politique agricole commune mise en place en 1962). « Les instruments mis en place reposent essentiellement sur la garantie de prix rémunérateurs pour les principaux produits (protection efficace à l’importation par des taxes variables, subventions à l’exportation, prix minimum d’intervention déclenchant les achats publics) afin d’assurer des débouchés aux agriculteurs européens et de maintenir leurs revenus dans un contexte de concurrence internationale (les prix européens étant supérieurs aux cours mondiaux) ». 

Sans avoir fait l’ENA, vous avez compris que la PAC est une gigantesque pompe taxations-subventions au service des producteurs qui exigent des prix plus « rémunérateurs » que ceux de la concurrence internationale.

Nous sommes ici dans un des sophismes dénoncés par l’économiste Frédéric Bastiat.

L’État est toujours du côté des producteurs et non pas des consommateurs

Abondance -disette énonce qu’il vaut mieux préférer l’abondance à la disette (à moins que tout le monde n’ait une vocation d’ascète, ce dont je doute). Toutefois, il existe un paradoxe dit Bastiat : « Comme vendeurs, nous avons intérêt à la cherté et par conséquent à la rareté ; comme acheteurs, au bon marché, ou, ce qui revient au même, à l’abondance des choses. » 

Les intérêts du producteur et du consommateur sont donc opposés. Lequel le législateur doit-il favoriser ? 

C’est simple : tout le monde est potentiellement consommateur de tout, tandis que les producteurs sont spécialisés. Il en découle que l’intérêt général, celui de chacun, est d’être un consommateur satisfait vivant dans une société d’abondance et non de rareté. 

Mais les législateurs préfèrent infiniment organiser la rareté et privilégier quelques lobbies de producteurs qui leur renverront l’ascenseur.

Depuis 1962 et les débuts de la PAC, beaucoup de progrès ont été faits. Le législateur s’occupe aussi des techniques de production, interdit les produits phytosanitaires, bannit certains engrais, impose les emballages, se soucie du transport, s’inquiète de la qualité, du stockage, de la provenance des semences, etc. Bien sûr, officiellement, c’est pour le bien-être des consommateurs. Ces idiots ne sont pas suffisamment intelligents pour choisir eux-mêmes les produits et les emballages qu’ils préfèrent…

La vertueuse indignation de Bruno Le Maire

Bruno Le Maire s’indigne : « moi je suis les cours du blé, ils ont été divisés quasiment par deux en quelques mois, je suis les cours de l'énergie, ils ont baissé, je suis les cours du fret maritime, ils ont également baissé. […]

J'ai du mal à comprendre que les répercussions à la hausse soient immédiates et les répercussions à la baisse prennent plus de temps. Je trouve ça inacceptable et révoltant pour le consommateur ».

Personnellement, j’ai du mal à comprendre que Bruno Le Maire ait du mal à comprendre…

Bruno Le Maire et ses comparses font tout pour distordre ou éliminer la concurrence, fausser les prix de marché et entraver la fluidité des échanges.

Par exemple, l’histoire de l’interdiction de la phosphine s’étalait ces derniers jours dans les médias. Pour ceux qui n’auraient pas suivi cette croustillante affaire, la phosphine est un pesticide utilisé pour traiter les cargaisons de céréales. Il a été proscrit par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) interdisant de ce fait aux céréaliers français d’exporter. Des histoires similaires, la bureaucratie en crée des centaines par an qui restent inconnues du grand-public.

Bien entendu, la production agricole demande de l’énergie et l’énergie est une composante essentielle de tout ce que nous consommons.

L’État intervient aussi dans le prix de l’énergie et même, depuis l’avènement du changement climatique, dans la production de l’énergie. Il y a la bonne énergie, la verte, intermittente et très coûteuse et la mauvaise énergie (jaune comme le nucléaire ou noire comme le charbon ou le pétrole). L’État subventionne la bonne énergie (qui reste très coûteuse) et pénalise la mauvaise énergie (en la rendant très coûteuse). Donc l’énergie se renchérit. À tel point qu’il a fallu inventer des « boucliers tarifaires » à base de chèques en bois.

Toutes les « solutions » publiques à la hausse des prix sont inflationnistes : elles reposent toutes sur la création monétaire (au travers des déficits dont le cumul est la dette).

Comme nous l’expliquons dans notre prochain numéro mensuel :

« Toutes les recherches que nous avons faites suggèrent que la hausse des prix (l’inflation) est cette fois « structurelle » : dit autrement, nous ne pouvons plus compter sur la main-d’œuvre chinoise bon marché, la mondialisation, l’énergie pas chère, ou le crédit à bas taux d’intérêt pour continuer à tirer les prix vers le bas. »

La seule bonne politique contre la hausse des prix serait de renoncer à l’inflation monétaire. Mais le système financier ne peut tenir qu’avec de l’inflation monétaire…

Voilà, Monsieur Le Maire, ce n’est pas très difficile à comprendre : il suffit de choisir son camp. L’abondance monétaire, vos « quoi-qu’il-en-coûte », vos PGE et vos chèques en bois conduisent à la hausse des prix.

 
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