Que faire de ses « liquidités » ?

Les taux ne sont plus à zéro ou négatifs et l’inflation est bien là. Dès lors, conserver de l’argent sans aucun rendement devient frustrant. Quelles sont les alternatives possibles à un compte courant ou compte à vue ?

Nous continuons à recommander une attitude très prudente et à conserver un maximum de liquidités car nos spécialistes considèrent que les actions sont toujours surévaluées au regard des critères historiques et de toutes les méthodes d’appréciation utilisées.

Mais où et sous quelle forme conserver vos liquidités ? Comment ne pas subir plus de 5% d’inflation ?

Personnellement, je considère qu’en cas de faillite les dépôts en banque seront sauvés d’une façon ou d’une autre. En tous cas les dépôts en-dessous de 100 000 €. Cette conclusion est le résultat de ma propre réflexion et n’est pas étayée par l’histoire ou la pratique. Je me fonde pour cela sur une seule raison : les « autorités » politiques et monétaires ne peuvent pas détruire le mythe sur lequel repose la finance moderne. Ce mythe dit que vos dépôts en banque sont en permanence disponibles alors que les banques fonctionnent avec un système de « réserves fractionnaires » qui les autorise à prêter les dépôts de leurs clients et même bien plus. Le naufrage de la Silicon Valley Bank marque à mon sens un tournant dans la garantie des dépôts.

Pour faire survivre ce mythe fondateur de la finance moderne, les dépôts seront garantis quoiqu’il arrive et les autorités se livreront à autant de création monétaire qu’il sera nécessaire. En effet, le fonds de garantie des dépôts (en France comme ailleurs) ne permet pas d’indemniser tous les déposants en cas de faillite bancaire de grande ampleur, loin de là, même en limitant la garantie à 100 000 €.

Au-delà de 100 000 € ? Soyons lucide : connaissant la passion pour l’impôt et l’égalitarisme des Français, il est plausible qu’on punira les « riches ». Il n’y aura pas de traitement indifférencié comme cela a été le cas pour la Silicon Valley Bank. Tous ceux ayant moins de 100 000 € seront satisfaits de cette « justice sociale ». Ceux qui auront le malheur de détenir plus de 100 000 € seront sur la sellette. Ce sera le retour de l’impôt sur la fortune pour cause de force majeure.

Pour résumer : conserver jusqu’à 100 000 € dans une grande banque « trop grosse pour faire faillite » est assez sûr. Si vous avez plus de 100 000 €, il faut les fractionner dans plusieurs banques.


Dépôts à vue, dépôts à terme et livrets

Maintenant, pour obtenir un peu de rendement, que faire ? Un lecteur nous interroge sur les dépôts à terme. En effet, les banques recommencent à rémunérer ce type de dépôt. Le contrat est le suivant : vous vous engagez à ne pas réclamer votre dépôt avant une certaine date, et en contrepartie, vous avez une rémunération, un intérêt, pendant votre durée d’engagement. Votre dépôt à vue devient un dépôt à terme.

Le mot clé est ici « dépôt » qui - comme vous le noterez cher lecteur sagace – est différent du mot « livret ».

Un dépôt à terme peut donc être soumis à la garantie des dépôts. Il faudra soigneusement lire tous les documents que vous soumettra votre banque et n’hésitez pas à lui demander de vous confirmer ce point. Attention : « capital garanti » ne veut pas dire que la garantie des dépôts s’applique. Ce n’est pas la même chose.

Le fonctionnement du livret est différent de celui du compte à terme. J’ai déjà précisé ce point dans une chronique du mois de mars. En général, les livrets reposent sur des obligations émises par votre banque. Les banques empruntent sur les marchés en émettant des obligations bancaires. Elles empruntent aux investisseurs institutionnels (assureurs et fonds de pension) et à leurs déposants. Elles les rémunèrent à un certain taux et prêtent ensuite à un taux plus élevé. Pour lever toute ambiguïté, une dernière précision : le livret A, même souscrit au travers de votre banque, est un prêt que vous consentez à l’État français. Il est adossé à des OAT, des obligations françaises. Un livret bancaire est adossé à des obligations bancaires.

En détenant un livret, vous n’êtes plus déposant mais créancier de votre banque. La garantie des dépôts ne s’applique donc plus.

Rappelons l’ordre de préséance des créanciers en cas de faillite :

  • Les déposants en compte courant ou à vue (qui ont prêté gratuitement) sont premiers sur la file d’attente

  • Ensuite viennent les déposants qui ont des comptes rémunérés

  • Puis arrivent les créanciers selon des appellations telles que seniors, juniors ou même mezzanine. Pour simplifier, disons que ceux qui ont accepté de prêter à des taux peu élevés sont prioritaires. Ceux qui ont réclamé le plus d’intérêt sont moins bien classés

  • En dernière position, les actionnaires qui ont mis au pot du vrai argent, argent qui fait partie des « fonds propres » de la banque.

Donc un dépôt à terme est une bonne idée pour grapiller du rendement à condition que votre banque vous confirme que la garantie des dépôts s’applique bien.

1)Nous nous fondons sur cinq méthodes consistant à 1-comparer la valeur d’un grand indice à celle de l’or (ce qui permet de s’affranchir de la dérive de la monnaie) ; 2-comparer les résultats par actions à la valeur des actions ; 3-rapporter la valeur des actions aux chiffres d’affaires des entreprises cotées ; 4-regarder l’évolution des cours des « aristocrates des dividendes », les entreprises qui ont un long historique de rétribution de leurs actionnaires ; 5-rapporter la valeur des actions cotées au PIB (critère de Warren Buffet)

 
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