Le retour des chocs pétroliers ?

Il y a certaines similitudes entre la situation de 1973 - la guerre du Kippour - et celle d’aujourd’hui. Mais si une hausse brutale des prix du pétrole devait faire s’emballer la hausse des prix de la vie courante, les remèdes de l’époque seraient aujourd’hui inapplicables. Voici pourquoi.

En 1972, le Club de Rome – groupe de réflexion fondé en 1968 qui regroupe des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires internationaux et des industriels de cinquante-deux pays - publie Les limites à la croissance (ou rapport Meadows).

Ce rapport prédit l’épuisement des réserves de pétrole pour 2000 et s’inquiète de la croissance démographique. Le premier document du Club de Rome, le rapport Bellagio, soutenait les bienfaits d’une planification mondiale.

C’est dans ce contexte d’inquiétude sur le pétrole qu’en octobre 1973, durant la fête de Yom Kippour, l’Égypte et la Syrie attaquent Israël pour reconquérir les territoires annexés durant la guerre des Six Jours. Les pays producteurs de pétrole augmentent leurs prix de 70% pour faire pression sur les États-Unis et l’Europe et réduisent leurs exportations de 25%. Peu auparavant, les États-Unis avaient mis fin aux accords de Bretton Woods supprimant la possibilité pour les détenteurs étrangers de convertir leurs dollars en or et semant le doute sur la solidité du billet vert.

La hausse des prix se propage comme une trainée de poudre, des entreprises font faillite, la production recule, le chômage augmente. C’est la fin brutale des Trente Glorieuses. Ceux qui ont vécu cette période savent qu’une hausse des prix généralisée (appelée à tort inflation) n’est pas le symptôme d’une surchauffe de l’économie mais d’un dérèglement profond.

Aux chocs pétroliers, l’Occident a riposté de trois façons :

·      Intensification de l’exploration pétrolière

·      Développement du nucléaire civil

·      Hausse des taux directeur (taux d’intérêt à court terme) pour réduire l’inflation monétaire.

En 1979, survient le deuxième choc pétrolier consécutif à la révolution iranienne. La baisse de production qui s’ensuit conduit les prix du brut à tripler et les prix des produits raffinés à doubler. Nouvelle flambée en 1980 avec la guerre Iran-Irak.

Avant le premier choc pétrolier, le brut se négociait à 2,59 $ le baril. Après le deuxième choc pétrolier, le brut se négocie autour de 34 $ le baril

En 1980, pour terrasser la hausse des prix qui atteint 13,5% en rythme annuel aux Etats-Unis et redonner confiance dans le dollar détaché de l’or, Paul Volcker, président de la Réserve fédérale, pousse les taux courts à 19%.

Comme la hausse des prix, la hausse des taux se propage rapidement poussant des pays d’Amérique du Sud à faire défaut sur leurs dettes. L’Occident connaît une récession mais la confiance dans le dollar revient.

Si l’Histoire ne se répète pas, il lui arrive de bégayer.

Il y a trois similitudes entre la situation de 1973 et ce que nous vivons.

Le contexte de défiance vis-à-vis du dollar (et même de l’euro). Cette fois, la défiance n’est pas due au fait que le dollar soit détaché de l’or et flottant ou même que les déficits commerciaux américains s’empilent depuis 1974. C’est la politisation du dollar (et de l’euro) avec le gel des réserves monétaires de la Russie qui fait tiquer les fournisseurs étrangers des États-Unis. À quoi sert-il d’entasser des dollars si ceux-ci peuvent être décrétés nuls du jour au lendemain ? 

Un conflit entre Israël et la Palestine qui soude contre les occidentaux un bloc de pays arabes producteurs de pétrole : Iran (chiite) et pays du golfe (sunnite).

Une idéologie occidentale pessimiste (nous allons tous mourir de chaud et de surpopulation) poussant à plus de planification au niveau mondial.

Mais il y a aussi trois profondes différences.

Un niveau d’endettement colossal, supérieur à ce qu’il était à la fin de la Seconde guerre mondiale. Des taux directeur à 10% ou plus pour terrasser l’inflation monétaire et la hausse des prix résultante sont désormais impossibles.

Une faible croissance économique, le dynamisme étant étouffé par le planisme et le dirigisme dans la majorité des pays développés, y compris aux États-Unis. En Europe, pensez par exemple à l’interdiction des moteurs thermiques qui cisaille l’industrie automobile. Aux États-Unis, le programme 30X30 lancé par Joe Biden en 2021 prévoit que 30% des terres agricoles seront gérées par le gouvernement fédéral à l’horizon 2030[1].

Des sommes considérables englouties dans les énergies renouvelables qui seront sans retour sur investissement alors que la prospection des énergies fossiles est presqu’à l’arrêt.

À moins d’un revirement idéologique important, on voit mal comment sortir par le haut d’un nouveau choc pétrolier. Les trois remèdes des années 1970 ne s’appliquent pas à aujourd’hui. Des taux susceptibles d’enrayer la hausse des prix conduiraient de nombreux pays développés à la banqueroute. Pétrole et charbon sont vus comme des poisons mortels. Le nucléaire civil a été délaissé.

Quel revirement idéologique ? Remettre en cause la planification centralisée, l’omniscience de hauts fonctionnaires qui vivent à l’abri des conséquences de leurs erreurs, le mythe du danger d’un réchauffement climatique d’origine anthropique dû aux émissions de CO2, les monnaies sans ancrage matériel[2], etc. Toutes ces idées ne sont pas dans l’air du temps. 

En attendant que les mythes se fracassent sur la réalité, nous vous proposons d’échapper au naufrage collectif qui s’annonce en abritant une partie de vos liquidités dans de l’or (qui s’est fortement apprécié durant les chocs pétroliers avant que les hausses de taux ne remettent de l’ordre dans le système monétaire) et en misant sur l’appréciation du pétrole et des énergies fossiles.

[1] « En janvier 2021, Joe Biden a lancé son plan 30X30 et signé un décret intitulé « S’attaquer à la crise climatique ici et à l’étranger » (Tackling the Climate Crisis at Home and Abroad), qui prévoit que 30 % des terres et 30 % des océans aux États-Unis seront gérés par le gouvernement fédéral d’ici 2030. Cette loi est mise en œuvre par le biais de programmes de servitudes et d’acquisitions fédérales, ainsi que par la loi sur les espèces menacées, que l’administration Biden juge nécessaire à la protection de l’environnement. » Source Epochtimes

[2] Dans mon livre sur la monnaie, je rappelle le débat Platon versus Aristote. Le premier soutenait que la monnaie pouvait n’être qu’une convention sociale immatérielle tandis que le second argumentait que la monnaie devait impérativement être marchandise

Précédent
Précédent

L’or va-t-il se réveiller ?

Suivant
Suivant

Ce que vous devez guetter