Comportement de notre transaction de la décennie en 2023 et perspectives 2024

Pour la décennie 2020 – 2029, nous misons sur l’affaiblissement des monnaies et par conséquent la hausse de l’or ; nous tablons aussi sur la hausse des énergies fossiles en raison d’un sous-investissement chronique en raison de la promotion des énergies dites renouvelables. En cette fin de l’année, il est temps de nous pencher sur les performances annuelles de ces deux tendances et leur avenir.

Pour mémoire, l’idée de la transaction de la décennie revient à l’auteur et fondateur de plusieurs sociétés d’éditions financières, Bill Bonner. Elle consiste à isoler une ou deux grandes tendances longues qui semblent offrir des perspectives favorables, d’y investir et d’attendre paisiblement que la décennie s’écoule.

La paresse est parfois bonne conseillère et cette stratégie est guidée par un constat :

il est plus aisé d’être investi sur la bonne tendance que de faire une sélection de valeurs qu’on adapte en permanence selon leurs performances (stock picking). Les gens qui arrivent ainsi à battre le marché sur une longue durée sont extrêmement rares.

Appréciation de l’or en 2023 en dépit de politiques monétaires dites restrictives

En ce qui concerne l’affaiblissement des monnaies, notre analyse est la suivante : il y a trop de dettes, le secteur public – supposé infaillible- ne pourra jamais rembourser le principal (les États-Unis, le Japon, la Chine et une très grande partie des pays européens sont surendettés) ; la pyramide financière ne tient que parce que les taux sont bas. Même au niveau actuel, historiquement, les taux restent peu élevés mais déjà la pression sur les débiteurs se sent. Les gouvernements surendettés feront ce qu’ils ont toujours fait dans ce genre de cas depuis 5 000 ans : émettre plus de dettes ou de monnaies jusqu’à la faillite. Avec cette analyse, nous avons l’histoire pour nous.

À court terme, on peut s’étonner de l’évolution positive des cours de l’or dans cette année 2023 durant laquelle les banques centrales ont diminué le rythme de leur création monétaire et les taux ont augmenté.

Évolution du cours de l’or en euros en 2023

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Le cours de l’or exprimé en euros a progressé de 9,11% durant cette année de hausse de taux. La formulation exacte serait d’ailleurs de dire que l’euro a baissé face à l’or, qui est la monnaie universelle, apolitique, dont la création ne dépend pas des banques centrales.

Depuis le début de la décennie, l’or s’est apprécié de plus de 30% face à l’euro. Le resserrement monétaire entrepris cette année n’a pas fait baisser l’or, loin de là.

Évolution du cours de l’or en euros depuis 2020

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Lorsqu’on regarde ces mêmes performances exprimées en dollars, on obtient 12,5% d’appréciation pour l’année 2023 et 29% depuis le début de la décennie.

Ces performances annuelles ne sont toutefois pas très importantes. Ce qui l’est, c’est le raisonnement qui nous fait penser que les monnaies vont continuer à se dégrader. Des évènements survenus en 2023 nous obligent-ils à remettre en cause cette analyse ? Aucun. Au contraire. Notamment, le gel des avoirs de la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine en février.

Certes, le combat des banques centrales contre la hausse des prix paraît en cette fin d’année avoir été couronné de succès, puisque les indices fléchissent et que la Réserve Fédérale a décidé de ne plus augmenter ses taux. Mais nous sommes spectateurs d’un match de catch truqué et nous ne devons pas nous laisser emporter par la naïveté. L’inflation – qui est la croissance de la masse monétaire en déconnexion de la quantité de biens et services disponibles – persiste, comme en témoignent les niveaux d’endettement et de déficits qui ne cessent d’augmenter. Il vaut mieux croire vos factures de caisses et vos appels d’impôts que les indices de prix officiels.

Pour rappel, dans ces chroniques, nous réfléchissons à nos idées d’investissements. La mise en pratique concrète de ces idées est diffusée dans les abonnements payants.

Reste maintenant à nous pencher sur le comportement des énergies fossiles en 2023. Mais rappelons d’abord pourquoi nous sommes haussiers sur ce secteur. 

Dans des économies de plus en plus administrées, des technocrates omniscients qui se financent par de la dette publique ou des impôts ont décidé que le climat pouvait se piloter. Un des moyens de faire baisser le thermostat planétaire qu’ils ont trouvé serait d’éliminer le recours aux énergies fossiles, qu’il conviendrait de remplacer par des énergies dites, renouvelables. Par conséquent, ces énergies sont fortement subventionnées et attirent les capitaux tandis que les énergies fossiles se voient désertées par les investisseurs. Notre réflexion est que les énergies fossiles seront toujours utiles et que le sous-investissement dont est victime ce secteur se paiera ultérieurement en hausse des prix.

Voyons maintenant l’évolution des prix du pétrole brut sur l’année 2023.

Évolution des cours du pétrole en 2023

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Le pétrole termine l’année en chute de 6,5% et ses prix ont fait preuve de volatilité tout au long de l’année.

Toutefois, depuis le début de notre transaction de la décennie, les cours du pétrole se sont appréciés de plus de 26%. C’est plus que la hausse des prix à la consommation.

Évolution des cours du pétrole entre 2020 et 2023

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Là encore, y aurait-il des développements qui remettraient en cause notre analyse initiale ?

Non, au contraire.

Soumis à la hausse des prix de l’énergie et de leurs taxes, les gens adoptent désormais une attitude plus critique vis-à-vis de la théorie du changement climatique par le CO2. La dernière COP a été un flop. Ceci a engendré deux réactions de la part des autorités. La première, politique, est une tentative de « police de la pensée » pour faire reculer le scepticisme montant. Les climatosceptiques sont cloués au pilori médiatique. Les scientifiques contestataires de la thèse du GIEC voient leurs conférences censurées. Les « mal-pensants » sont traqués sur les réseaux sociaux…

La seconde est à la fois politique et économique : face à l’échec de plus en plus patent des énergies renouvelables, plusieurs pays ont décidé de renouer avec le développement de l’énergie nucléaire.

Ce revirement est une très bonne chose mais il va drainer des capitaux dans des entreprises le plus souvent publiques ou fortement contrôlées par les États, en raison de la porosité entre nucléaire militaire et civil. 

Pendant ce temps, l’industrie des énergies fossiles souffre toujours de sous-investissement et les grandes devises poursuivent leurs dérives.

Donc, malgré une année 2023 atone pour le pétrole nous pensons que notre deuxième transaction de la décennie continue à tenir la route.

Dans une prochaine chronique, j’aborderai quelques tendances qui me semblent importantes pour 2024 et au-delà en dehors des domaines de l’or et du pétrole. Rassurez-vous, je ne ferai pas appel à l’intelligence dite, artificielle, pour astiquer une boule de cristal…

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